THE DUKE ROBILLARD BAND: Calling All Blues (2014)

On ne présente plus Duke Robillard, guitariste de blues influencé par le jazz et le swing. Parmi ses coups d’éclats, il faut souligner la création de Roomful of Blues en 1967 et le remplacement de Jimmie Vaughan au sein des Fabulous Thunderbirds. Logiquement, son dernier disque devait donc être un événement. Alors, qu’en est-il réellement ?

Le vieux Duke commence par nous emmener au soleil avec « Down To Mexico », un rock blues d’influence T. Birds, avec solo d’orgue et accompagnement de cuivres. Sur ce titre, la guitare se fait très discrète. « I’m Gonna Quit My Baby », un blues boogie mid tempo d’inspiration fifties, nous propose un dialogue entre une guitare acoustique et une slide. « Svengali » rappellerait Ry Cooder (« I’m Gonna Ball ») mais il faut déplorer une slide minimaliste. Heureusement, tout le talent de Duke brille sur « Blues Beyond The Call Of Duty », un blues lent scandé par une chanteuse. Duke Robillard excelle dans le blues et le solo, fortement marqué par l’esprit du Texas, est un modèle du genre. Splendide ! Par contre, placé juste derrière, « Emphasis On Memphis » ne fait pas grand effet. « Confusion Blues » est teinté de jazz, comme le démontre le solo de guitare dans la veine de Charlie Christian. Je trouve « Nasty Guitar » un peu mou à mon goût, le père Duke ne s’étant pas cassé le tronc pour le solo. « Temptation », un blues jazzy, aurait gagné en efficacité avec plus de gratte et moins de trompette. « She’s So Fine », très influencé par la soul, swingue bien mais Duke est avare de guitare.

Alors, malgré tout le respect dû à cet artiste qui n’a plus rien à prouver, je dois dire que son dernier album m’a légèrement déçu. Sa guitare trop discrète en est la principale raison, les morceaux en eux-mêmes étant relativement accrocheurs. D’accord, Duke se rapproche du sublime sur le solo de « Blues Beyond The Call Of Duty ». Mais un seul morceau génial sur une dizaine de titres, ça fait quand même cher les vingt secondes. En résumé, la dernière production de Duke Robillard se rapproche plus d’un disque d’ambiance que de la galette d’un guitariste. Dommage ! Mais après tout, on ne peut pas mettre dans le mille à chaque fois. Et puis, c’est surtout en concert que s’exprime le talent de ce musicien hors pair.

So, take him live !

Olivier Aubry